On se visio?

Le club de Villeneuve Tolosane persiste à donner accès à la possibilité de rester ensemble et de pratiquer une activité sportive de son choix.

En effet, il est possible et tout à fait louable de faire son jogging sur un tapis, on peut se mettre devant la télé pour suivre un influenceur qui vous promet de perdre du poids, il est possible de pratiquer le yoga via des plateformes, ou bien taper la balle contre un matelas collé au mur…

Mais vivre dans l’instant présent, s’adapter, veut-il dire abandonner ce qui nous a fait choisir une pratique martiale ? Si le sport contribue à améliorer le capital santé à long terme, il est aussi vecteur de bon nombre de valeurs nécessaires pour le vivre-ensemble. Au moment même où l’actualité nous effraie sur les conséquences sanitaires, où les gestes d’isolement sont devenus la norme, nous devons aussi garder à l’esprit qu’il faut s’investir pleinement dans le présent et être optimiste.

Ces temps gris et incertains poussent vers la facilité, le confort immédiat et ne permettent pas de se construire.Le club de Karaté de Villeneuve Tolosane, son bureau et ses professeurs estiment qu’il faut encore plus faire preuve d’altruisme, d’effort, de partage…

Les bienfaits de l’activité ne sont plus à prouver, mais de nos jours il faut savoir être inventifs, s’adapter, pour accorder une part à la pratique sportive. Entre confinements, couvre-feux, directives municipales, elle est de nos jours amplement jugulée, écartée, alors même que les risques liés à l’hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires menacent de s’accroitre.

Si l’organisation Mondiale pour la Santé, elle-même indique qu’il semble exister une « relation dose-effet, en ce sens qu’une dose plus importante d’activité physique est associée à une amélioration des indicateurs de l’endurance cardio-respiratoire et du métabolisme », force est de constater que l’accès à la pratique sportive est lourdement condamné…Salles de sport, séances d’EPS dans les établissements scolaires annulées, dojos et gymnases fermés ne nous permettent plus de « vibrer », de « vivre à fond notre passion » ou tout simplement, paradoxalement de ne plus prendre soin de notre santé physique et mentale.Depuis les premières restrictions sanitaires il a fallu rapidement mettre en place les moyens techniques et humains pour ne pas priver les adhérents de leur pratique sportive, et ne pas laisser le temps à la motivation des adhérents de s’évanouir.

Le nouveau président, Sébastien Bordes, papa de trois karatekas et pratiquant lui-même, a décidé de mettre ses compétences informatiques au service du Club, il a permis à l’association sportive de se doter de moyens techniques afin de suivre des cours en distanciel, en s’assurant que chacun des 80 membres puissent y avoir accès à chaque séance.« Nous avons rencontré le karaté il y a plus de 10 ans, notre fils a embarqué toute la famille dedans. Nous nous sommes faits des amis, avons fait de belles rencontres, avons partagé de fabuleux moments, des compétitions sportives à l’autre bout de la France, mettant à l’épreuve nos enfants compétiteurs et nos cœurs de parents. Aujourd’hui j’estime que bouger quelques meubles, céder l’espace commun familial pendant 10h de la semaine, et se mettre en garde devant un Google Meet est un pis-aller mais il reste pour nous le moyen de continuer le karaté. » L’obstacle incessant et angoissant auquel nous sommes confrontés et qui ne permet pas d’envisager l’avenir exige donc une réévaluation des la conditions de la pratique et une adaptabilité totale de l’enseignement.

Un dojo reste le lieu privilégié pour la pratique du Karaté, à la fois pour sa charge symbolique (idéogramme, portrait de Maître Funakoshi, salut Shomen etc.) et plus concrètement pour ses aménagements (tapis matelassés, protections des murs etc.). Néanmoins la mise en place de cours en distanciel (en direct ou en différé) a l’immense mérite de maintenir un lien entre les professeurs et les élèves, surtout les plus jeunes. Il s’agit d’un lien humain, qui permet de se retrouver naturellement au dojo après une période de confinement de plusieurs semaines, mais également d’un lien technique, qui consiste à ne pas désapprendre les techniques du Karaté. En effet les élèves continuent, même à distance, à entendre les noms des techniques en Japonais et à les visualiser.

Quelles sont les adaptations nécessaires pour enseigner à distance ? Le premier obstacle est peut-être l’absence de contact physique pour expérimenter une technique de défense et de contre-attaque ou simplement pour savoir se placer à la bonne distance du partenaire. Pour y faire face, nous demandons aux élèves de se placer par rapport à leur environnement (principalement par rapport à la caméra qui est notre œil); nous pouvons aussi utiliser un sac de frappe pour matérialiser le partenaire.

Enfin, nous rappelons que le Kata est déjà un combat imaginaire, qui nécessite une visualisation individuelle des adversaires : stimulons l’imagination des élèves ! Le second obstacle est le manque d’espace à la maison. Généralement les élèves utilisent un bureau, une chambre ou squattent le salon familial, dans des logements de tailles variées, qui n’ont de toute façon pas été conçus pour laisser un grand espace vide de meubles. Pour y faire face, il faut privilégier les exercices sur place. Sautillement et flexions des jambes pour l’échauffement, travail des techniques de blocages, de poings ou de mains en position fixe au sol. Le Kihon sur 3 pas est réalisable, surtout chez les jeunes élèves.

En ce qui concerne les Katas, nous transigeons sur la hauteur des positions pour privilégier la réalisation des techniques de bras. De plus, il existe pléthores d’exercices de renforcement musculaire qui ne nécessitent pas beaucoup d’espace et aucun équipement spécifique. Enfin, le plus important, nous maintenons la sécurité des élèves, avec l’aide des parents : ne pas se blesser avec la table basse ou le mur !Le dernier obstacle est la difficulté de corriger les techniques à distance. Dans un dojo, surtout pour les exercices collectifs (Kihon, Gohon Kumite, Sanbon Kumite, Kata…), le professeur a une vision d’ensemble et peut se placer à la bonne distance, sous le bon angle pour facilement valider les gestes techniques. Derrière son écran, le professeur est un peu démuni. Il est alors crucial de demander aux élèves un bon cadrage vidéo et de privilégier le travail de face (pas de Mawate (demi-tour) pendant un Kihon, sinon l’élève ne voit plus le professeur et réciproquement). Il faut également sans cesse décrire à l’oral les positions, indiquer si c’est le bras gauche ou le bras droit qui est utilisé etc.

Enfin, face à une dizaine d’élèves en vidéo, il est très utile que le professeur se dédouble grâce à un assistant qui réalise la technique en même temps que les élèves : le professeur peut alors corriger les défauts … ou entretenir la concentration des élèves. Les cours en vidéo ne permettent pas d’éprouver la richesse des techniques du Karaté; de plus ils sont généralement raccourcis par rapport à un cours en présentiel pour maintenir un minimum de concentration; ils nécessitent plus que jamais de privilégier les exercices courts au détriment de l’approfondissement. Néanmoins ces cours à distance préparent l’avenir et maintiennent la vie du Club.” Erwan Corbel, Alexandre Mounsaveng, Harinjaka Presto, Jérôme Chaput et Damien Thierry (les professeurs)

Le Bureau de Karate Do Villeneuve Tolosane, salue l’implication des senseïs mais aussi de chacun dans son propre bien-être, et surtout : les enfants ont fait preuve de persévérance et d’assiduité exemplaires, et même les touts petits à partir de 4 ans!, les parents ont accordé la part nécessaire et importante à la possible réalisation de leur pratique… (sur les terrasses privatives, en extérieur, dans leur chambre, dans la cuisine), tous ont fait preuve d’imagination et d’adaptation, malgré les difficultés que cela peut poser.En ces jours incertains, instables pour notre psychisme, nous maintenons qu’il est nécessaire de pouvoir continuer à partager le fair-play, l’envie, l’abnégation, l’euphorie, l’adrénaline, la dextérité, les ressources mentales, en bref ce qui nous motive et qui compte pour nous. La pratique sportive est donc une affaire de santé et de citoyenneté. Nous sommes convaincus que notre devoir associatif est de permettre à tous de pouvoir y accéder et maintenir le lien.

 

Pour rappel :les recommandations mondiales sur l’activité physique pour la santé.https://sports.gouv.fr/…/2-1_recommandations_aps_oms.pdfPour améliorer l’endurance cardio-respiratoire, la forme musculaire et l’état osseux et réduire le risque de maladies, il est recommandé pour les enfants et les adolescents en bonne santé, ce qui suit :

1. Les enfants et jeunes gens de 5 à 17 ans devraient accumuler au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue. 2. La pratique d’une activité physique pendant plus de 60 minutes par jour apportera un bénéfice supplémentaire pour la santé.

3. L’activité physique quotidienne devrait être essentiellement une activité d’endurance. Des activités d’intensité soutenue, notamment celles qui renforcent le système musculaire et l’état osseux, devraient être incorporées, au moins trois fois par semaine.